Restauration d’un modèle réduit du Dewoitine D520 à l’échelle 1/5. Cette maquette est un don fait à l’Aérothèque il y a maintenant quelques années.
Légèrement endommagé par des déménagements successifs et les épreuves du temps, coups, bosses, saumon d’aile endommagé, antennes disparues, verrière, etc …. une remise en état complète s’imposait pour figurer dignement dans nos collections. Voici illustré les différentes étapes de la remise en état . L’article est accompagné de quelques brèves lignes d’histoire (en orange) de la vie de cet appareil mythique, qui se situe autour des années 1940.
Le voici tel quel au début de la restauration:
(Cliquez sur les images pour les agrandir)
Ce modèle réduit qui a déjà volé est construit en balsa. Il est donc léger et très fragile. Tous les coups et éraflures nécessitent une remise en état complète, d’autant que les couleurs au final seront complètement différentes.
GENESE du D520
En Juin 1936 Emile Dewoitine suite à une demande du Ministère de l’Air entreprit l’étude et le développement d’un chasseur capable de rivaliser avec le Spitfire anglais et le Messerschmitt Allemand mais suite à de nombreuses exigences des Services Officiels les études furent interrompues durant toute l’année 1937. En Janvier 1938, sous l’impulsion d’Emile Dewoitine, maintenant directeur adjoint de la SNCAM les études et les dessins de fabrications sont menées à bien et conduisent au lancement de 2 prototypes officialisés par un contrat du Ministère de l’air en Avril 1938 ce qui permet le lancement du programme.
DEVELOPPEMENT du D520
Le 2 Octobre 1938, le D520-01 équipé du moteur Hispano-Suiza 12Y-21 effectue son premier vol.
Après de substantielles modifications dont améliorations de l’aérodynamique, hélice 3 pales, nouveau moteur, l’avion atteint la vitesse de 530Km/h et 825Km/h en piqué en Février 1939, ce qui correspondait aux exigences du Ministère de l’Air (520 km/h demandés) et conforte la désignation 520 de l’avion.
Durant l’année 1939, le prototype fut suivi par 2 autres exemplaires où furent montés et expérimentés l’armement, quelques autres modifications telles que l’aérodynamique du cockpit , l’allongement des trains, de l’empennage, mise en place d’une roulette AR…ce qui permit une vitesse de 550Km/h et une montée à 8 000m en 12 min.
Revenons à notre maquette:
Préparation des antennes et du tableau de bord.
Capot moteur
Tout en commençant le masticage de l‘appareil, on décolle le vinyle du drapeau de dérive pour rebouchage de certains manques, on repeindra les couleurs avec un bleu plus clair et sans les inscriptions d’usage (non peintes en 1944).
Décollage du vinyle
PRODUCTION du D520
En Juin 1939, un contrat pour la production de 600 avions fut signé et avec la déclaration de guerre de nouvelles commandes furent passées pour atteindre en Avril 1940 la quantité de 2250 avec une cadence de 8 avions/jour cadence obtenue dans les usines de St Martin du Touch et qui ne fut interrompue qu’avec l’armistice de Juin 1940. Finalement la production totale de l’avion D520 sera de 905 exemplaires.
Préparation sur les ailes: Rebouchage, masticage et ponçage.
Travaux autour du cockpit, pilote verrière et capot moteur.
et du collimateur
Le collimateur sur avion:
Radiateur moteur sous le fuselage complètement refait
Jambes de train: Détaillage et mise en peinture.
Préparation du fuselage: Masticage et ponçage.
OPERATIONS DE GUERRE du D520
La première livraison à l ‘Armée de l’Air eut lieu en Janvier 1940 et fut utilisée pour des activités d’entrainement.
Le 10 mai 1940 ,246 D.520 avaient été produit mais seulement 79 avaient été acceptées par l’Armée de l’AIR.
Lors des combats le D520 fit jeu égal avec le Bf109 essentiellement grâce à sa plus grande maniabilité. Il fut aussi utilisé contre l’aviation italienne contre laquelle il revendiqua 114 victoires.
Après l’armistice les escadrilles passèrent sous différents commandements, certains passèrent en Afrique du Nord ou en Angleterre.
153 restèrent en zone libre et sous le gouvernement de Vichy et furent utilisés au Moyen Orient dans les campagnes de Syrie et du Liban ainsi qu’à la défense aérienne de la Bulgarie contre les forces anglo-américaines. En Novembre 1942, lors de l’invasion de la zone libre 246 avions pris par les Allemands furent utilisés pour l’entrainement ainsi que sur le front des Balkans, certains furent aussi transférés en Italie.
En Décembre 1942, les forces laissées en Afrique du Nord rejoignirent les Alliés et participèrent à la campagne de Tunisie.
L’Aérothèque, conservatrice du patrimoine aéronautique toulousain d’Emile DEWOITINE, fondateur des usines AIRBUS, a décidé de faire d’une pierre deux coups en restaurant cette maquette et en la mettant aux couleurs du Groupe de Chasse DORET.
Marcel DORET était, avec Léopold GALY, le pilote d’essais de la Société DEWOITINE.
Résistant et capitaine de réserve dans l’Armée de l’Air, en 1944 il créa un Groupe de Chasse F.F.I. après avoir libéré Tarbes et sa région, avec les D.520 récupérés sur les terrains du sud de la France (Tarbes, Pau et Toulouse) construits par l’occupant.
Débuts de la finition:
Mise en peinture aux couleurs allemandes comme les appareils qui ont été repris à l’occupant par le groupe Doret.
En 1944 durant la phase de Libération, des D.520 repris aux Allemands furent utilisés dans des attaques au sol contre les troupes en retraite et les poches (ROYAN) de résistance sur l’Atlantique.
Marcel Doret pilote d’essai d’Emile Dewoitine qui fit le 1er vol du 520, mena ces opérations en tant que commandant jusqu’au début de 1945. Une protection des bombardiers alliés fut aussi menée.
Résultat final
après les retouches de peinture auprès du collimateur, des échappements, des antennes .. Le résultat est magnifique.
Merci pour ce travail remarquable réalisé par Alain Marsan, vrai passionné de cet avion, bénévole et aussi archiviste à l’Aérothèque.
APRES LA GUERRE
L’utilisation du D.520 est essentiellement dédiée à l’entrainement des pilotes et 13 furent modifiés en biplace.
En Septembre 1953 eut lieu le dernier vol opérationnel du D.520.
DEVELOPPEMENTS PROJETES
Les D550 et D551 dont un seul prototype du D550, le D550-01 put voler. Douze exemplaires du D551 sont restés inachevés suite à l’armistice, tous les avions militaires ayant été mis sous scellés.
Le 22 juin 1939, l’avion D550 décollait pour la première fois de Toulouse-Francazal avec Marcel Doret aux commandes
L’avion fut équipé du moteur Hispano-Suiza 12Y-51 de 1 000 cv. Il atteignit 702 km/h en palier le 22 novembre 1939 à 6 000 m d’altitude.
Jusqu’à maintenant, le D520, prédécesseur du D550, était à mes yeux le plus fin coursier que je connaisse. Eh bien ! Ce dernier-né de la famille des monoplaces de chez Dewoitine détrône à un point tel son aîné que ce dernier, il faut en convenir, devient un percheron à côté du PUR-SANG avec qui je viens de faire ce galop d’essai.
Marcel Doret
Pilote d’essai Dewoitine
La guerre stoppa net cette série du D551 et les priorités des ministères une fois la guerre passée.
Emile Dewoitine continua en Espagne en créant le D600, dérivé des D520 et D551, et dernier chasseur à moteur classique à pistons, avant de créer en Argentine le premier chasseur à réaction, le D700 ou Pulqui, qui vola en aout 1947.
D520
OPERATEURS
France : Armée de L’air, Aéronautique navale.
Allemagne : Luftwaffe
Italie: Regio aeronautica
Bulgarie: Armée de l’air
SPECIFICATIONS
Caractéristiques
Envergure: 10 m.
Longueur: 8,75 m.
Hauteur: 2,57 m.
Surface alaire: 15,97 m2
Masse à vide: 2 090 Kg.
Masse maximale: 2 780 Kg
Armement
1 canon Hispano Suiza H.S.404 de 20mm (60 obus) dans l’axe de l’hélice.
2×2 mitrailleuses d’aile MAC34 M39 de 7,5mm (650 coups).
Performances
Vitesse: 540 Km/h.
Plafond: 11 000 m.
Rayon d’action: 1 250 km
Vitesse ascensionnelle: 800 m/min
Cliquer pour agrandir: